Pour son territoire historique - et la réputation de son enseignement - l'ENVA a de grandes ambitions.
En définissant un schéma directeur immobilier, et en entreprenant à court terme la construction et/ou la restructuration de quatre établissements phares, elle confirme sa volonté d'asseoir ses lettres de noblesse au XXIe siècle.
En confiant deux d'entre eux - Nocard et Auguste Chauveau - à la même équipe de concepteurs, elle témoigne de la dynamique qu'elle souhaite insuffler à ses futurs projets. Ces deux équipements - totalement distincts dans leurs destinations comme dans leurs exigences fonctionnelles et techniques - doivent porter ensemble la même finalité. Ensemble, ils doivent présager de l'évolution du site et de son image.
Mais c'est avec humilité qu'ils choisissent de s'inscrire dans l'histoire passée et future du site et c'est avec l'élégance de l'abstraction qu'ils dessinent une architecture à la fois enveloppante et évanescente.
Le site Nocard, privilégié pour sa proximité avec Camille Guérin, avec lequel il constituera un véritable pôle clinique, doit défier un certain nombre de contraintes - contraintes patrimoniales puisque, soumis à la vigilance de la DRAC, il doit contribuer à la valorisation de ses bâtiments d'origine et tenir compte de son vis-à-vis avec le bâtiment Blin, et contraintes urbaines puisque, soumis aux règles du PLU, il doit également tenir compte de la parcelle voisine occupée par un habitat ancien.
Et si sa densification est donc délicate, elle trouve finalement toute sa pertinence dans le respect des figures imposées. Et parfois, il est vrai, dans leur réinterprétation, à condition que celle-ci soit toujours motivée par la volonté d'exacerber les qualités du site existant...
C'est ainsi que l'élévation de l'aile ouest, pourtant acceptée par la DRAC, a été évitée - par refus catégorique de modifier la toiture et par volonté de préserver la forme originelle du bâtiment. Au lieu de cette solution, qui était proposée pour accueillir les surfaces nécessaires au premier étage, un niveau souterrain partiel a été créé pour accueillir toutes les fonctions qui pourraient y être exercées.
C'est aussi pour cette raison que les nouveaux bâtiments ne sont pas construits en brique, préférant à ce matériau proposé, un matériau unique, plus doux, plus soyeux, capable de s'installer dans le site en résonance avec l'histoire bâtie. Cette résonance subtile et poétique se traduit par l'utilisation d'une tôle d'aluminium perforée anodisée, de couleur champagne. Le motif des perforations reprend la disposition de la brique. Celle-ci semble se dématérialiser progressivement (du bas vers le haut), ne laissant lire que la finesse de ses joints, et apparaissant au terme de son parcours ascendant, comme une matière " écorchée ". Ce dépouillement est d'autant plus opportun qu'il devient la tête d'un bâtiment, ici une volière, là le simple écran d'une terrasse belvédère.