Reconstruire le pavillon H de la cité médicale de Tony Garnier, autrefois novatrice, à l’ère ou la concentration des hôpitaux fait légion est, au-delà de l’inédit, peut-être une voie d’avenir. Car il faut bien l’admettre, si les équipements unitaires de grande taille d’aujourd’hui peuvent souffrir d’un certain étalement, ici, la concentricité qu'arbore ce nouveau plateau-technique propose des fonctionnalités extrêmement efficaces autour de son axe vital. Cela préfigure peut-être l’avenir de hôpital ambulatoire zéro lit ou la convalescence, facilité par l’avènement du numérique, se ferait ailleurs, en ville. C’est donc sans doute une belle révérence faite au virtuose de la ville du futur que la direction des Hospices Civiles de Lyon a décidé de revitaliser son hôpital pavillonnaire au cœur de la cité.
Les marges de manœuvres fonctionnelles sont limitées dans cet exercice, les limites sont d’ors et déjà fixées par l’organisation de l’îlot, le nombre d’étages imposé par le vélum des pavillons voisins et les dispositions fonctionnelles dictées par la proximité des urgences au sein du bâtiment N.
L’hôpital Edouard Heriot est fondé sur le concept fonctionnaliste de la ville idéale de Tony Garnier. Ce concept partait de l’idée que chaque construction possédait une fonction et une architecture précise. Dans cette cité, la conception architecturale répétitive des pavillons était due à l’uniformité de leur fonction d’hébergement que l’hygiénisme conduisait au morcellement et où l’ouverture des espaces à la lumière et le travail du végétal présidait au choix de la composition.
Y construire un bâtiment fortement médico-technique, programme inexistant à l’époque, pousse à jouer avec la règle urbaine initiale, sans chercher à mimer ni à s’effacer mais en s’appliquant à écrire une architecture contemporaine libérée, spécifique, mais respectueuse.
Les façades toutes de verre vêtues, acceptant toute sorte d’occupation pour les temps à venir, décrochent volontairement du signifiant de la fonction hospitalière lourde, le plateau interventionnel. Sérigraphiée d’un dessin argentique aux formes florales, inspirées des œuvres des manufactures de soierie traditionnelles de Lyon, les façades interagissent avec leur contexte patrimonial et végétal par un jeu complexe de reflets et de transparences.
L’architecture est résolument contemporaine et sophistiquée sans tricher avec la règle urbaine historique pour que l’hôpital entre avec efficacité, élégance et respect dans le XXIème siècle.
© Brunet-Saunier Architecture